lundi 23 février 2009

Eliasson & Koundouno

Une escapade piémontaise la semaine dernière avec notre professeur Pierre M. de l'UIAD nous a amenés à Sant' Antonio di Ranverso, Turin, Saluzzo, Manta et Rivoli. Où nous avons vu des oeuvres du XIVème au XXIème siècle.

C'est une oeuvre toute récente que je vous présente ici, proposée par Olafur Eliasson, un artiste danois. Elle se trouve dans le Château de Rivoli, transformé en Musée d'Art Contemporain . Dans une très grande salle voûtée sans lumière se trouvent deux projecteurs dirigés vers des anneaux de plastique translucide et coloré, suspendus tels des mobiles à de longs pendules. Un jeu de miroirs réfléchit sur les murs et la voûte des cercles de dimension et couleurs variées qui se déplacent à différentes vitesses au gré du mouvement très lent des anneaux suspendus. Le résultat, fascinant, dépend de la présence des spectateurs qui, même éloignés de l'immense installation, provoquent les mouvements d'air qui, même ténus, génèrent les oscillations des anneaux.

Cette vidéo donne une idée de ce que voit le spectateur, j'y ai ajouté des improvisations au violoncelle de l'excellent Olivier Koundouno.
" L'art d'Olafur Eliasson parle du temps et de l'espace de perception. Ses
oeuvres ne se suffisent pas à elles-même dans le sens usuel ; elles sont plutôt
des environnements dans l'attente de votre arrivée. Il est évident que toute
oeuvre d'art nécessite la présence d'un sujet qui la regarde. Mais dans le cas
d'Eliasson, la contribution d'un spectateur actif est si centrale dans son
travail que l'on peut dire que c'est cette acitvité-là qui en est le sujet.
Dans cette nouvelle installation spécialement pour le Musée du Château de
Rivoli - mettant en mouvement 2 jeux de miroirs, anneaux, lampes et filtres
colorés -, il a créé une oeuvre sur le temps dans le sens tant subjectif que
cosmologique.
Une oeuvre qui parle de VOUS et de VOTRE relation au temps.

Le soleil n'a pas d'argent, 2008
."

dimanche 22 février 2009

Deux soeurs

Vient de paraître sur YouTube la vidéo de la chanson "Sister" d'Emily Loizeau. Publiée par UniversalMusicFrance (ici) qui se moque un peu de son "catalogue" puisqu'Emily y est était orthographiée "Emilie" dans le titre de la vidéo et "loiseau" dans les tags !

Je vous propose ci-dessous cet excellent clip que j'ai récupéré dans une meilleure qualité que celle sur YouTube.



Te souviens-tu / D'un jour en septembre
Où il avait tant plu / Les K-Ways rouges
Dans la Renault 12 / On quittait Londres sans toi
Sister
C'était la rentrée des classes / On ne m'avait pas dit
Que je ne te verrai pas / Que tu allais rester là
Que tu allais vivre là / Passer toute cette année sans moi
Sister
Te souviens-tu / D'un jour en septembre
Où il avait tant plu / Les K-Ways rouges
Dans la Renault 12 / Vous quittiez Londres sans moi
Sister
C'était la rentrée des classes / Je ne t'avais pas dit
Que tu n'me verrais pas / Que je devrais rester là
Que je devais vivre là / Qu'tu pass'rais toute cette année sans moi
Sister
These days came back to me.

mercredi 18 février 2009

Chianti et mortadelle

Le dimanche matin, je fais le marché et m'arrête à une échoppe de produits italiens, curieusement tenue par un sympathique gallois nommé Garreth.

Une dame a commandé dimanche dernier de la mortadelle en disant que c'est moi qui l'avait incitée à se remettre à en acheter à Garreth. En effet, elle m'avait entendu dire une fois que dans ma jeunesse, manger de la mortadelle était un calvaire tant c'était pour moi synonyme de mauvaise qualité, de mélange de n'importe quoi et de gras collant dans la bouche. Alors que maintenant, je l'appréciais. Je ne sais si celle de Garreth est bonne parce que venant d'Italie, il faudra que j'essaie celle de Carrefour... Toujours est-il que le refrain sur "les bons produits d'hier que nous mangions dans notre jeunesse" est complètement faux en l'occurrence. C'est ce que confirmait cette dame, qui me remerciait de le lui avoir fait remarquer.

Même souvenir en ce qui concerne le Chianti. Quand j'étais étudiant et que j'allais dans une pizzeria, nous avions droit à une bouteille ronde avec un col allongé, enveloppée de paille et de marque, me semble-t'il, Ruffino. C'était une infame piquette ! Depuis, j'ai appris que ce vin originaire de Toscane, à base de cépage San Giovese, dans des bouteilles sans folklore est souvent un excellent vin. Ceci dit, il vaut mieux vérifier la présence du "coq noir" sur la capsule du bouchon. Et la différence entre "DOC" ("Denominazione di Origine Controllata") et "DOCG" (idem + "Garantita" !) me laisse un peu rêveur.

En conclusion, "il est toujours joli le temps passé", mais je ne suis pas près de regretter les fayots et les épinards que je mangeais en pension en 1948.

dimanche 15 février 2009

"L'Annonciation" de Piero del Pollaiuolo

C'est d'un tableau improbable que nous a entretenus en janvier notre professeur Pierre M. Il s'agit de l'Annonciation de Piero del Pollaiuolo (1443 Florence - 1496 Rome), qui se trouve au musée de Berlin. Moins connu que son frère Antonio (1431 Florence - 1498 Rome), il faisait partie de l'atelier des deux frères, qui travaillèrent beaucoup pour les Médicis : orfèvreries, gravures, sculptures et tableaux.
D'assez grandes dimensions - 1,50 sur 1,74 mètre de largeur -, il fut peint vers 1470, c'était une commande des Médicis.


Cette Annonciation est assez classique, l'Archange à gauche séparé de la Vierge par une cloison ; il porte le lys, symbole de virginité tandis que Marie a les mains croisées sur la poitrine, expression d'humilité et de soumission à la volonté divine. Par contre, on ne trouve pas de colombe la surplombant, ni de Christ avec la croix sur l'épaule. Plutôt à l'attention des "pauvres", ces symboles sont inutiles pour les gens cultivés que sont les Médicis.
Mais d'autres symboles, plus sophistiqués dans leur interprétation, fourmillent dans ce tableau. Les colonnes tout d'abord, rouges et blanches. Colonnes exprimant la "rectitude" de la foi, colonnes des Apôtres qui se trouvent entre le sol et le Ciel. Elles alternent le blanc et le rouge : le pur et le maculé, le linge et la plaie, le pain azyme et le vin, le drap et le sang de la mariée. En bref, l'Incarnation.

Il s'agit d'une scène "aulique" (c'est-à-dire "de palais" comme nous l'a précisé - ce n'était pas inutile ! - notre professeur), et on imagine que ce palais est l'un de ceux que possèdent les Médicis. A droite une belle salle de réception, richement décorée avec des meubles luxueux, presque flamands. Cette salle ouvre sur une sorte de balcon que l'on devine dans une perspective d'ailleurs approximative.

Et au-delà, un paysage dessiné avec précision, à la manière des peintres flamands de ce XVème siècle. On pense que c'est Antonio, le frère plus doué de Piero,qui l'aurait peint.
On y reconnait Florence au bout des méandres de l'Arno, on distingue bien le Duomo. On est probablement sur les hauteurs de Fiesole, justement là ou se trouvait un des palais des Médecis, celui que l'on considérait comme le plus beau.


Alors, Nazareth devenue Florence ? La Terre Sainte en Toscane ? Le faisan posé sur la balustrade comme symbole d'éternité : longue vie aux Médicis ?...

Oui, pour une trentaine d'années encore !

mardi 10 février 2009

La Françafrique et moi

Les récentes révélations sur les activités très lucratives de Bernard Kouchner en Afrique m'ont rappelé mes propres exploits en la matière. Dont je suis un peu moins fier que lui, tout en en ayant tiré un profit dérisoire. Je vais vous expliquer pourquoi.

C'était au début des années '80, j'étais Professeur à l'Université à Genève et je travaillais alors sur les logiciels de planification financière, sur Apple II puis IBM PC à l'époque. La préhistoire donc, mais à ce moment-là, j'étais un précurseur. Toujours est-il que je fus sollicité par une société genevoise pour faire une mission dans un pays africain ; il s'agissait de former du personnel apte à exploiter des modèles financiers utiles dans la gestion du pays en question. Je rencontrai un haut fonctionnaire de ce pays à Genève pour mettre au point cette mission. Une semaine de travail était prévue, mes honoraires de quelques milliers de francs suisses étaient raisonnables compte tenu du fait que je profitais du voyage pour emmener mon épouse et visiter un peu en chemin. Tous frais payés.

Sur place, le séjour fut parfait : excellent hôtel, bons restaurants, des gens de bonne compagnie, etc. Côté travail, j'eu à former deux jeunes filles, gentilles mais pas vraiment brillantes ni passionnées. Au point que je me demandais vraiment à quoi pouvait bien servir mes prestations...
Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard que j'ai réalisé que j'avais été le dindon de la farce. Farce agréable certes, mais farce quand même.

Car le journal Le Monde fit paraître un article parlant du haut fonctionnaire africain auquel j'avais eu à faire : il était présenté comme le porte serviette du Président de l'époque de ce pays et s'occupant principalement, était-il dit, de gérer sur le sol suisse les avoirs de son Président. De là à penser qu'il gérait ce faisant les contrats dont les rétro-commissions alimentaient ces avoirs, il y avait un pas qu'il m'avait fallu 15 ans pour franchir ! Je réalisais tout d'un coup que pour 1000 francs suisses versés à un consultant, ce sont 100 ou 1000 fois plus qui étaient facturés au pays hôte... Avec retour à l'envoyeur, et à quelques intermédiaires. Je n'étais dans cette histoire que la face respectable de l'opération !

Comme quoi un petit scandale peut en cacher un plus gros. Bernard Debré a déclaré être allé plusieurs fois opérer avec son équipe dans ces pays d'Afrique. Gratuitement. Bernard Kouchner, lui, a touché près de 300 000 euros pour ses conseils. Quelles en furent les véritables retombées ? Et combien ont-ils été facturés par les sociétés dont il dit qu'il ne connaissait pas les dirigeants ? Dirigeants dont les noms figurent juste au-dessus du sien sur cette photo publiée par Arrêt sur images ?

jeudi 5 février 2009

Emily sur France Inter

Le 2 février, jour de la sortie de son nouveau CD "Pays sauvage", France Inter a enregistré un concert privé d'Emily Loizeau. La vidéo est disponible sur DailyMotion à cette adresse. C'est là qu'il faut regarder cette vidéo d'une quarantaine de minutes.

Mais si vous souhaitez revoir une chanson ou une autre, alors j'ai fait un petit jukebox qui vous permet de picorer et revoir directement vos chansons préférées.


La qualité est un peu plus faible, dans une plus petite taille cela se voit moins. Un léger décalage aussi dans la voix vers la fin...

mardi 3 février 2009

YOU are the crisis !

Jeudi 29 janvier dernier, journée de grève. Eh bien, à 10 heures, j'étais sur l'avenue Jean-Jaurès à Grenoble. Pas de problème pour venir, il y avait un tram toutes les 10 minutes. Et les bistrots étaient ouverts : j'ai pu m'y réfugier un quart d'heure pour me réchauffer car il faisait froid. Et donc le rhume de cerveau que j'avais s'est transformé les jours suivants en amygdalite, bronchite puis trachéite, j'en sors tout juste maintenant... Mais sans regret d'avoir défilé deux heures durant, ce dont je ne suis d'ailleurs pas coutumier.

50 000 manifestants selon le Dauphiné Libéré, pas loin d'un record. Et contrairement à ce que les ministres de service dénonçaient en évoquant une "grève" injustifiée, inutile, non citoyenne eu égard à la crise, ce défilé était moins une revendication qu'une protestation. Depuis une vingtaine d'années, l'écart des revenus s'est agrandi considérablement, la financiarisation de l'économie a profité aux plus riches qui attendaient des rendements de 10% à 15%, tout cela pour nous amener dans le mur. Et maintenant, qui va payer les pots cassés ? C'est ce que se demandaient les gens qui défilaient.
D'autres défilaient au Forum de Davos (je vous parlerai un jour de ma présence au World Economic Forum de Davos en 1986) et résumaient bien ce sentiment : "YOU are the crisis"...


Je n'ai pas eu le réflexe de photographier un gamin de 8 ans, venu avec ses parents et qui résumait ce sentiment. Il avait scotché sur un bâton un bout de carton sur lequel il avait écrit maladroitement : "Je suis pas content !"