vendredi 27 juin 2008

Hier, j'ai trouvé des escargots...





Septembre 1949, j'avais 7 ans, j'allais entrer en 9ème en pension à Saint Bonnet le Château...
Mon père gardait tout et j'ai donc retrouvé dans ses papiers cette lettre que je lui avais envoyée. J'en ai extrait comme titre de ce billet un bout de phrase sans faute d'orthographe. Encore que "Il a plue et devant la maison sa reverdit" n'aurait pas été mal non plus !

Saint Bonnet le Château se trouve dans le Forez, à 1000 mètres d'altitude au-dessus de la plaine de la Loire.


Sur cette photo (*), c'est un gros bourg plaisant dans un paysage riant. Mais qui n'est pas resté dans mon souvenir de petit pensionnaire de 7 ans comme une période très heureuse. C'était juste après la guerre de 39-45, la vie était encore dure pour tout le monde.
J'étais donc dans un pensionnat tenu par les Frères des Ecoles Chrétiennes, que l'on appelait aussi les "Frères Ignorantins". Un dortoir d'une soixantaine de lits, des rangées de lavabos où on se lavait les dents en brossant un dentifrice en poudre rose dans des boîtes rondes, des placards pour y ranger de rares friandises reçues dans des colis, ou ramenées de week-end. Des promenades le jeudi après-midi sur ce plateau du Forez battu par les vents : 6 kilomètres vers Estivareilles (le nom m'est resté...), autant au retour, en culottes courtes à grignoter le long du chemin des prunelles sauvages qui, gelées, étaient moins acres. Une cour de récréation propice en hiver aux glissades sur le sol enneigé et gelé. Et aussi un souvenir désagréable. Il arrivait que dans la cour, subitement, un groupe de pensionnaires se précipite sur l'un d'entre nous, le déshabille et le déculotte et le laisse ainsi, zizi à l'air, forcément humilié ! Ce qui, évidemment, m'est arrivé une fois. Comme quoi, la violence à l'école n'est pas une nouveauté.

Mais aussi d'autres petits souvenirs moins tristes. Les hannetons que l'on sortait d'une boîte en classe, que l'on faisait monter le long d'une règle du haut de laquelle ils s'envolaient lourdement. L'encre violette qui nous tâchait les doigts. Un dimanche de temps en temps, mon grand-père Gabriel montait à vélo me voir, et il m'amenait au restaurant du bourg. C'était la fête pour moi : vol-au-vent, escalope et champignons à la crème...

Et une distraction appréciée : servir la messe du soir comme enfant de coeur à l'Abbatiale, moyen de quitter un peu le pensionnat. Et revenir dans la nuit, à faire des étincelles en frottant violemment les pavés avec nos galoches ferrées à semelles de bois sur le chemin du retour.

Mais c'était aussi les cours très sérieux des bons frères. Je vois encore cette carte de l'Afrique, avec ces fleuves et montagnes que l'on avait appris par coeur : le Fouta Djalon, le Ruwenzori, des mots pleins d'exotisme que je me rappelle encore... J'étais un élève attentif et consciencieux, ce témoignage de satisfaction l'atteste. Comme je le disais dans une autre lettre que je n'ai pas retrouvée "Cette semaine, j'ai été 1er. J'essaierai de faire mieux la prochaine fois !" Mais peut-être voulais-je dire qu'un 99/100, cela pouvait être encore amélioré.


(*) Photo de smith42100, publiée dans Google Maps

1 commentaire:

Anonymous a dit…

Très joli et sobre ce papier sur le pensionnat de St Bonnet. J'ai appris des choses que tu n'avais jamais dites. Ta mémoire revient ! écrire fait se souvenir. Ca m'a fait penser au film "les choristes". Pépé Courbon était, tout compte fait, présent et concerné par nous. Sais-tu qu'il m'envoyait en pension des paquets avec des figues sèches et du chocolat.