samedi 26 janvier 2008

La côte de Planfoy


Vers 1948-49, je vivais entre Saint Etienne pour les vacances et Saint Bonnet le Château où j'étais en pension. Mon grand-père paternel, Gabriel Courbon, me montait parfois vers la maison qu'il possédait dans le Pilat à 1000 mètres d'altitude pour "respirer le bon air". Il le faisait en me mettant sur le porte-bagages de son vélo. Ce qui voulait dire la montée de la côte de Planfoy, plus de 500 mètres de dénivellée ardue avec un vélo pesant facilement le double de ceux de maintenant. Mais facteur de son métier, il avait l'entraînement...

Je me souviens qu'à mi-hauteur de la montée, Gabriel en sueur s'arrêtait quelques minutes pour reprendre son souffle. Parlant de son vélo, il me racontait les dernières découvertes de la science, et notamment de celles des produits radioactifs.

"Tu vois," me disait-il, "bientôt on achètera une capsule de radium grosse comme un tube d'Aspirine, on la mettra dans ce tube," et il me montrait le cadre du vélo "et le vélo avancera tout seul !..."

C'est ainsi que j'ai découvert le "Progrès", mot qui nous a accompagnés pendant les 30 glorieuses c'est-à-dire jusqu'au milieu des années 70 et le premier choc pétrolier. Et qui m'a mis sur les rails des concours aux grandes écoles d'ingénieurs, celles qui créaient ce progrès, promesse alors d'une amélioration constante du bien-être.
Le progrès, voilà bien un mot qui a pratiquement disparu des conversations. Remplacé par celui de "Menaces"...

Menaces de la vache folle, de la grippe aviaire, du Sida...
Menaces du terrorime aveugle, de Al Qaida, des guerres au Moyen Orient...
Menaces des OGM, de Tchernobyl, de la couche d'ozone, du réchauffement climatique, de la fonte des glaces...
Menaces de la mondialisation, des délocalisations, du chômage...

Ma fille aurait-elle raison quand elle dit : "Vous êtes la génération qui nous a ruinés..." ?

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