mardi 9 septembre 2008

Le jour où j'ai foutu à plat la couverture radar du Sud-Est


Mon service militaire s'est déroulé sur la base aérienne BA 942, c'est-à-dire à Bron, près de Lyon. Il y avait alors l'aérodrome civil réservé maintenant à l'aviation d'affaires depuis que l'aéroport de Lyon est parti à Satolas. Apparemment, les militaires sont aussi partis si l'on en croit cette description actuelle de ma BA 942. Comme à cette époque à l'Ecole des Mines de Saint Etienne nous étions tenus de suivre l'IMO (ou Instruction Militaire Obligatoire) pendant les 3 années d'études, je suis rentré directement comme Sous-Lieutenant après 2 mois initiaux à Caen. J'aurai l'occasion de revenir sur cette année avec mon bel uniforme d'aviateur, entre Bron, Satolas, Corbas et la Croix-Rousse. Pour l'heure, je voudrais évoquer un de mes faits d'armes peu glorieux.

Dans les premiers mois, nous étions deux jeunes ingénieurs appelés avec le grade de sous-lieutenant. Mon collègue que j'allais remplacer avait fait les Arts et Métiers.

Un jour, on nous demande - nous n'avions pas grand chose à faire, il faut dire - de tenter de faire fonctionner un générateur électrique de secours pour la station radar. Il était tout neuf, mais personne n'avait réussi à le faire fonctionner. Situé dans un petit hangar à Satolas près des radars militaires, il était censé prendre instantanément le relais si le courant électrique tombait en panne. Pour cela, un moteur diesel assez puissant devait tourner en permanence entraînant un volant - volumineuse masse métallique cylindrique - le tout couplé à un générateur électrique. Si le courant venait à disparaître, le générateur devait immédiatement prendre le relais entrainé par le volant initailement, puis par la montée en puissance du moteur diesel.

Nous commençames donc par le moteur diesel et nous pûmes le faire fonctionner au bout de 2 ou 3 jours. Il s'agissait alors de voir dans quelle mesure le générateur pouvait se coupler au réseau. Je n'ai jamais compris comment on nous a lancé dans cette aventure alors que c'était le rôle de l'installateur de laisser un appareil en état de marche avec les instructions adéquates. Nous n'y connaissions rien ou pas grand chose, mais on était jeunes et audacieux, il ne nous restait, nous semblait'il, qu'à baisser un levier pour effectuer ce couplage sur le réseau...

C'éait une journée de janvier, un peu de neige aux alentours dans une campagne brouillardeuse, c'est mon copain qui a baissé le levier. Et là, un énorme arc électrique, un éclair aveuglant, nous nous retrouvons dehors hagards, tout était jaunâtre dans une vision très altérée par l'arc électrique. On se demandait quelles conséquences il avait pû y avoir... Nous sommes revenus à la base et avons rapidement appris que la couverture radar sur tout le quart sud-est de la France avait disparu, et je crois bien que cela a duré une heure ou deux. Nous avons fait profil bas, mais pas autant que nos supérieurs. Et je ne suis pas sûr que Le Progrès ait eu vent de l'incident... La "grande muette", comme on dit. Quant à moi, par la suite j'ai réservé mes talents au changement de fusibles que l'on me demandait de faire, sarcastiquement accompagné de la formule : "Toi qui es ingénieur, ..."

Aucun commentaire: