samedi 10 mai 2008

Les vaches qui pleurent (suite)

Dans un précédent billet (Les vaches qui pleurent), je vous avais laissé sur l'interrogation suivante : dans le tableau ci-dessous du Titien intitulé "L"amour sacré, l'amour profane", quelle femme représentait l'amour "profane", et laquelle l'amour "sacré"...


Bien évidemment, j'avais vu dans la belle femme nue de droite la représentation de l'amour profane, laissant à celle qui était assise, habillée et moins "sexy" le rôle de l'amour sacré.

Et bien évidemment, j'avais tout faux !

Car ce tableau de 1515 a été peint à l'époque de la Renaissance et du courant philosophique néo-platonicien. D'artisans jusqu'à la deuxième moitié du XVème siècle, les peintres deviennent des "artistes", recherchés par les gens éduqués au fait des discours et commentaires de l'époque, sur Platon notamment. Or que nous dit-on alors dans cette veine ? Que "le Beau suscite l'aspiration au Bien", que "l'Amour est désir de Beauté". Nous ne voyons pas l'âme, nous ne voyons donc pas sa beauté, mais nous voyons le corps qui est l'image de l'âme... La Beauté est donc le moyen de monter vers le Bien ; comme je ne peux voir Dieu, j'ai besoin de l'objectiver par l'image de la Beauté.
Incidemment, il y a là l'affirmation d'une différence avec le monde juif et musulman qui refusent l'image... De même que le mouvement contemporain vers la Réforme... L'image donc comme affirmation de Rome contre le schisme ? De Venise contre l'ottman qui la menace ? Fermons la parenthèse.
Et donc, c'est la Beauté nue, sans apprêts, qui incarne cet amour sacré qui nous élève vers Dieu, tandis que l'amour profane est représenté par cette femme qui porte des habits, symboles de l'artifice et de la séduction terrestre...
Et notre professeur de l'IUAD, Pierre, de nous évoquer les deux Vénus de l'Antiquité. La Vénus Anadyomène, "née de l'écume", nue et déjà adulte, éternellement vierge, fille d'Uranos et de Gaïa. Et la Vénus Pandemia, celle "de tout le monde", mère de Cupidon, tout à fait terrestre.

Alors que moi, un peu primaire, je voyais dans la femme de gauche bien habillée, posée, sérieuse l'incarnation de la femme "sacrée", attribuant à la belle femme nue, plus aguichante le rôle de la femme "profane". J'avais donc tout faux, n'est-ce pas ?...

Pas si vite ! Cela n'est pas si sûr. Nous examinerons de plus près ce tableau dans un prochain billet : derrière toutes les belles considérations précédentes des surprises nous y attendent... (c'est ici)

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