lundi 14 avril 2008

Les vaches qui pleurent

Un épisode de notre voyage en 1989 dans le Hoggar et le Tassili m'avait particulièrement frappé. Cela se passait un peu au sud de Djanet, dans le Tassili des Ajjer, au lieu-dit Terarart. On y trouve un rocher d'une trentaine de mètres de haut dont la photo apparaît dans Google Earth (24°22.45 N et 9°25.57 E).


Au pied de ce rocher on découvre des gravures de vaches, et leur proximité du sol sablonneux donne l'impression qu'elles sont là en train de boire une eau aujourd'hui disparue. Et l'on voit parfaitement des larmes au coin de leurs yeux.

Notre groupe d'une quinzaine de personnes avait longuement admiré ces gravures néolithiques vieilles de plusieurs millénaires. Nous avions sympathisé avec un trentenaire qui ne cachait ni n'exhibait son homosexualité. Et face à ces gravures devant lesquelles nous devisions, j'ai été stupéfait du commentaire qu'il m'en faisait.
Il me montrait entre autres explications que certaines têtes de vaches se prolongeaient en deux corps et que simultanément, ces mêmes têtes se voyaient également selon deux perspectives différentes. Et il m'expliquait que Picasso, admirateur de l'art nègre (mais en était-ce ?) avait avec le cubisme inventé une nouvelle figuration similaire à ces lointains ancêtres. On avait devant nous l'équivalent de ces visages représentés simultanément de face et de profil.
Je constatais alors que je ne voyais pas dans cette oeuvre d'art le dixième de ce que cet ami y décelait. A cette époque, je mis ceci bêtement sur le compte du fait que "les homosexuels ont une plus grande sensibilité artistique que moi".

Maintenant, je réalise qu'il s'agit aussi, et surtout de culture et d'apprentissage. Comme me le fait découvrir le cours d'Histoire de l'Art que je suis cette année. Je vous montrerai dans un prochain billet quel béotien j'étais et suis encore en évoquant le tableau du Titien intitulé "L'amour sacré et l'amour profane" que je reproduis (*) ci-dessous :


En attendant, je vous laisse sur cette question : quelle femme représente l'amour sacré, laquelle l'amour profane ?

La suite ici

(*) Source : Web Gallery of Art

4 commentaires:

hellohlala a dit…

Pfff... alors là vous vous lancez dans des trucs, je n'ai pas encore dit Boîte de Pandore, mais ça va venir...
Mais c'est une bonne démarche la curiosité.
Quant à retrouver les clés successives, siècles après siècles -et souvent les serrures ont été changées, d'abord s'en rendre compte- des formes d'expressions imaginées par nos prédécesseurs, vous avez du pain, une boulangerie, sur la planche ;=)
Vous avez raison. Il faut apprendre à voir (Et Titien est un géant).
Anecdote : Il existe une "maladie" + ou - reconnue par les médecins, qui frappent les touristes épris de culture et d'art à Florence. Après s'être coltinés les Galeries, les Offices, les musées, l'architecture et les bas-reliefs en cinq jours, ces visiteurs sont frappés d'un genre de dépression. Trop d'art, trop de Merveille qui les ramène à leur condition de terrien moyen.
Mais un cours sur l'année, c'est bien. Bravo.

hellohlala a dit…

Oooops, j'ai oublié ceci :

http://www.cineclubdecaen.com/peinture/peintres/titien/amoursacreprofane.htm

Jean-Claude a dit…

Vous parlez du Titien, or je pars ce samedi avec des amis pour ma semaine annuelle à Venise, et j'ai réservé à l'Accademia dimanche 14heures pour le tout dernier jour de l'exposition "Ultimo Tiziano"...

PS L'image que je référence sur WGA a une meilleure définition que celle que vous m'indiquez : 1248x429

hellohlala a dit…

Titien, quand on envisage l'oeuvre dans son entier, sa recherche inflexible, les commanditaires de l'époque, la Pape, Charles Quint (pas facile diplomatiquement de servir un pape et un empereur, etc.) c'est inégalé. Vous avez de la chance de voir les oeuvres ultimes. C'est quasi '"L'autre bout du Monde" ;=))

Se rappeler qu' au même moment, il y a Velasquez en Espagne !

Quant à Leotard, franchement... Bon.