mardi 10 février 2009

La Françafrique et moi

Les récentes révélations sur les activités très lucratives de Bernard Kouchner en Afrique m'ont rappelé mes propres exploits en la matière. Dont je suis un peu moins fier que lui, tout en en ayant tiré un profit dérisoire. Je vais vous expliquer pourquoi.

C'était au début des années '80, j'étais Professeur à l'Université à Genève et je travaillais alors sur les logiciels de planification financière, sur Apple II puis IBM PC à l'époque. La préhistoire donc, mais à ce moment-là, j'étais un précurseur. Toujours est-il que je fus sollicité par une société genevoise pour faire une mission dans un pays africain ; il s'agissait de former du personnel apte à exploiter des modèles financiers utiles dans la gestion du pays en question. Je rencontrai un haut fonctionnaire de ce pays à Genève pour mettre au point cette mission. Une semaine de travail était prévue, mes honoraires de quelques milliers de francs suisses étaient raisonnables compte tenu du fait que je profitais du voyage pour emmener mon épouse et visiter un peu en chemin. Tous frais payés.

Sur place, le séjour fut parfait : excellent hôtel, bons restaurants, des gens de bonne compagnie, etc. Côté travail, j'eu à former deux jeunes filles, gentilles mais pas vraiment brillantes ni passionnées. Au point que je me demandais vraiment à quoi pouvait bien servir mes prestations...
Ce n'est qu'une quinzaine d'années plus tard que j'ai réalisé que j'avais été le dindon de la farce. Farce agréable certes, mais farce quand même.

Car le journal Le Monde fit paraître un article parlant du haut fonctionnaire africain auquel j'avais eu à faire : il était présenté comme le porte serviette du Président de l'époque de ce pays et s'occupant principalement, était-il dit, de gérer sur le sol suisse les avoirs de son Président. De là à penser qu'il gérait ce faisant les contrats dont les rétro-commissions alimentaient ces avoirs, il y avait un pas qu'il m'avait fallu 15 ans pour franchir ! Je réalisais tout d'un coup que pour 1000 francs suisses versés à un consultant, ce sont 100 ou 1000 fois plus qui étaient facturés au pays hôte... Avec retour à l'envoyeur, et à quelques intermédiaires. Je n'étais dans cette histoire que la face respectable de l'opération !

Comme quoi un petit scandale peut en cacher un plus gros. Bernard Debré a déclaré être allé plusieurs fois opérer avec son équipe dans ces pays d'Afrique. Gratuitement. Bernard Kouchner, lui, a touché près de 300 000 euros pour ses conseils. Quelles en furent les véritables retombées ? Et combien ont-ils été facturés par les sociétés dont il dit qu'il ne connaissait pas les dirigeants ? Dirigeants dont les noms figurent juste au-dessus du sien sur cette photo publiée par Arrêt sur images ?

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