mercredi 10 octobre 2007

Straight A's, almost

En 1971, je suis parti faire des études à l'Université du Texas à Austin en Business Administration. Le système américain comporte 2 semestres de 4 mois, plus des demi-semestres en été, et des cours de 3 heures, habituellement, par semaine. Et un étudiant standard en suit 5 ou 6 maximum à la fois. Soit près de 12 à 15 cours par année universitaire. Chaque cours est noté de A à D.
Je n'ai obtenu que des A pour les cours que j'ai pris, sauf un seul B dans le cours de Marketing. Il faut dire qu'à cette époque (et maintenant encore, voir mon billet sur ce sujet), je n'aimais pas le marketing. Mais j'avais fait très fort tout au long du trimestre avec les "homeworks", ne remportant que des A ou des A+ là où certains étudiants américains se ramassaient des C. J'ai souvenir d'une étude de cas d'application de calculs statistiques où certains autres étudiants n'hésitaient pas à faire des prévisions de ventes négatives parce que leur droite de régression disait cela.

C'est dans ce cours que j'avais fait la plus belle étude de cas de ma scolarité texane. Il s'agissait d'une entreprise faisant de la faïence (style Jacob Delafon, bien connu de nos salles de bains), dont les ventes stagnaient et qui se posait la question de la création de nouvelles lignes de produits. Le plus sérieusement du monde, j'avais proposé une ligne de toilettes de jardin ou publiques pour que les chiens viennent y lever la patte ou y faire leurs crottes, tablant sur le nombre élevé et croissant de "pets" dans les familles US. Mon étude était rigoureuse et conforme à l'enseignement reçu, j'obtins la note maximum pour ce devoir.

Or le manque d'humour de mon professeur me rattrapa pour mon "term paper". Il s'agit d'un papier d'une dizaine de pages à rédiger sur un sujet au choix, bien connu dans les universités américaines. Certains étudiants se faisaient d'ailleurs de l'argent de poche en revendant des term papers tout faits.
Mais moi, confiant dans toutes les notes intermédiaires maxi engrangées dans le cours, j'ai fait un papier pour expliquer pourquoi je détestais le marketing. Voilà comment un A garanti s'est transformé en le seul B de ma scolarité. Et si j'ajoute que même dans le cours de Sport j'avais obtenu un A, ceux qui me connaissent vont bien rigoler.

lundi 8 octobre 2007

Poulet grillé


Le français à l'étranger a souvent un rapport tendu avec la nourriture locale. Outre le bon steack/frites qui ne figure pas au menu, ils sont scandalisés par la manière déplorable dont les indigènes cuisinent.

Je me souviens, au cours d'un voyage au Portugal, avoir regardé devant un restaurant des poulets en train d'être grillés. A côté de moi se trouvaient quelques touristes français qui se gaussaient en s'exclamant :

" Ils sont fous ces portugais, regarde comment ils font griller le poulet !!!"

En effet, les poulets étaient ouverts par le milieu, étalés à plat entre les deux grilles et cuits de cette façon sur la braise en retournant le grill de temps en temps. Pourtant, loin d'être aberrante, cette méthode permet de griller plus uniformément la viande que lorsque le poulet reste entier à la broche. Souvent avec le tourne-broche, les ailes sont brûlées alors que l'avant-cuisse reste un peu trop rosée.

samedi 6 octobre 2007

Emigration choisie...

En ces temps où l'on parle d'ADN, de quota et d'immigration choisie, je ne peux que me remémorer avec amertume cette expérience que je qualifierai, soyons positif quand même, d'émigration choisie...

Responsable d'un Mastère de l'INT (Institut National des Télécommunications) sur la "Conception des Systèmes d'Information" dans les années 90, j'avais à faire la sélection des candidats sur la base d'un dossier et d'une interview.
En 1994, j'ai eu à traiter le dossier d'un postulant marocain, Khalid M., qui travaillait chez Apple à Agadir après des études en informatique dans son pays. Il lui était pratiquement impossible financièrement de faire le voyage en France juste pour une interview. Mais devant assurer quelques cours à Rabat, je lui ai donné rendez-vous à mon hôtel pour cette interview. Natif moi-même d'Agadir, j'avais une tendance a priori à une certaine indulgence. Mais là, ce candidat était vraiment bon, et il fut donc accepté.
Les études duraient 9 mois, plus 6 mois de stage en entreprise. Khalid est donc venu seul, laissant à Agadir sa femme et son enfant en bas âge. Il a souhaité faire venir son épouse une semaine ou deux pendant les vacances de Noël, puis de Pâques, puis l'été venu, mais malgré ma lettre de recommandation au Consulat de France, elle n'obtint aucun visa. Ce sont donc 15 mois que Khalid fut séparé de sa famille.
Evidemment, il fit une année scolaire excellente, puis un stage où il fut très apprécié par la banque qui l'employa. Au point que cette dernière lui offrit une prolongation de stage de 6 mois grassement payé s'il le souhaitait.
Mais Khalid alla cet été-là voir le Consulat du Canada en vue d'y émigrer avec sa famille. Il faut se rappeller ce fameux 1er mai 1995 où un marocain fut jeté dans la Seine par des skinheads sortis d'un cortège du Front National. Et se noya... Khalid se retrouva donc avec sa famile à Montréal début 96 pour démarrer une carrière d'ingénieur réseaux informatiques. Très vite, il devint son propre patron, et acheta une maison à Ville Saint Laurent, près de Montréal. Je ne sais ce qu'il est devenu depuis.

Dans cette histoire, j'étais certes heureux d'avoir fait mon travail en contribuant à la promotion de quelqu'un qui le méritait bien. Mais quel gâchis quand même, avec beaucoup d'amertume de son côté comme du mien.

jeudi 4 octobre 2007

La compote de rhubarbe, façon Jean-Pierre

Mon ami Jean-Pierre, qui aime bien s'amuser, m'avait envoyé un mail avec des textes et des photos expliquant, à sa manière, comment faire de la compote de rhubarbe.
J'ai repris le tout et fait une petite vidéo humoristique que, je l'espère, vous apprécierez.
Attention, parfois le texte déroule trop vite car j'ai voulu rester dans les 3:05 minutes que dure la chanson d'accompagnement. Cliquer sur le bouton Avance/Pause pour prendre le temps de lire si nécessaire.

mercredi 3 octobre 2007

Ici reposent Françoise Croze et ses enfants

J'ai parlé autrepart de Pétaloup, lieu où ont vécu mes arrière grands parents paternels. Il y a plus d'une vingtaine d'années, j'y étais passé en souvenir des journées d'après-guerre où mes soeurs et moi nous refaisions une santé. J'y étais aussi venu une semaine y réviser mon bac en 1958. J'avais cette fois-ci retrouvé une maison en très piteux état : ouverte à tous les vents, le plancher était effondré, partout des gravats et des ordures laissées par des randonneurs de passage.


Au milieu de tout cela, j'étais tombé sur cette plaque tombale qui était sur la tombe de mon arrière grand-mère Françoise Croze (et de ses parents). Avant que l'emplacement au cimetière ne soit récupéré... Je l'ai emmenée avec moi.

Le plus émouvant était la mention de "ses enfants" dont les prénoms ne sont même pas énoncés. Ainsi que son jeune âge : 32 ans... Mariée à 20 ans, elle a eu 7 enfants en 12 ans de mariage, dont trois seulement ont survécu. Les quatre autres sont morts à l'âge de 2 jours, 4 jours, 25 jours et 8 mois. Et elle est morte en couche à la naissance du dernier.

Il faut dire qu'elle vivait à 1000 mètres d'altitude, au milieu des bois, à 1 kilomètre à peu près de la route la plus proche... J'ai sorti la carte de l'endroit sur Google Earth pour donner une idée de de l'isolement qui devait être le sien :


Le splitting, vous connaissez ?

J'ai travaillé en Suisse une douzaine d'années. Durant ce séjour, mon épouse a aussi travaillé , mais pendant 6 ans seulement, et avec un salaire sensiblement inférieur au mien.
Arrivés tous deux à 65 ans, le système de retraite de base suisse (équivalent de la CRAM en France) a calculé nos droits respectifs.

Résultat des courses : mon épouse touche une rente supérieure à la mienne de 40 francs suisses par mois !!!

Ce n'est pas une erreur, évidemment, c'est le résultat du "splitting". En effet, en Suisse, les droits à la retraite sont calculés sur la somme des salaires des conjoints, chacun acquérant des droits correspondant à la moitié des gains du ménage.
Alors, me direz-vous, mon épouse devrait au mieux recevoir la même retraite que moi ? Encore un détail, jusqu'à présent les femmes ne devaient travailler "que" 42 ans pour obtenir une retraite pleine, et les hommes 44. Et donc les droits de mon épouse sont calculés sur la base de 12/42 au lieu de 12/44 pour moi. D'où l'écart en sa faveur.
Mais il y a quelques années, la Confédération a tenu compte du désir des femmes d'être les égales des hommes. Et elle ramène progressivement à 44 années l'obligation de travailler pour les femmes, comme pour les hommes !

Pourquoi en France n'adopte-t'on pas ce système bien plus juste puisqu'il préserve au mieux les droits à la retraite d'un conjoint moins bien payé, voire restant à la maison pour élever des enfants ? Nous qui aurions tendance à voir dans la Suisse un pays du libéralisme sauvage ?

dimanche 30 septembre 2007

Nous autres français, on est les plus beaux ! Pas sûr...

La France est un beau pays, et il fait bon y vivre. Excepté peut-être l'Italie, c'est celui que je préfèrerai pour y finir mes jours.
Néanmoins, pour avoir passé près de 50% de ma vie professionnelle hors de France, je suis assez bien placé pour avoir du recul dans mon regard sur mon pays. Et en ces temps où notre nouveau président en rajoute une couche pour mériter le reproche d'arrogance que nos amis étrangers sont fondés de nous faire, j'ouvre une rubrique dans ce blog : Nous autres français...
Au lieu de donner des conseils au reste du monde, j'essaierai de brocarder certains travers bien français, ou de montrer qu'à l'extérieur de la France se font des choses plus sensées.

Tout ceci en me rappelant ce que l'on me disait au Québec au début des années 80 quand j'ai travaillé un an à Montréal :
"Si tu veux gagner beaucoup d'argent, tu achètes un français au prix qu'il coûte, et tu le revends au prix qu'il croit qu'il coûte !..."