En ces temps où l'on parle d'ADN, de quota et d'immigration choisie, je ne peux que me remémorer avec amertume cette expérience que je qualifierai, soyons positif quand même, d'émigration choisie...
Responsable d'un Mastère de l'INT (Institut National des Télécommunications) sur la "Conception des Systèmes d'Information" dans les années 90, j'avais à faire la sélection des candidats sur la base d'un dossier et d'une interview.
En 1994, j'ai eu à traiter le dossier d'un postulant marocain, Khalid M., qui travaillait chez Apple à Agadir après des études en informatique dans son pays. Il lui était pratiquement impossible financièrement de faire le voyage en France juste pour une interview. Mais devant assurer quelques cours à Rabat, je lui ai donné rendez-vous à mon hôtel pour cette interview. Natif moi-même d'Agadir, j'avais une tendance a priori à une certaine indulgence. Mais là, ce candidat était vraiment bon, et il fut donc accepté.
Les études duraient 9 mois, plus 6 mois de stage en entreprise. Khalid est donc venu seul, laissant à Agadir sa femme et son enfant en bas âge. Il a souhaité faire venir son épouse une semaine ou deux pendant les vacances de Noël, puis de Pâques, puis l'été venu, mais malgré ma lettre de recommandation au Consulat de France, elle n'obtint aucun visa. Ce sont donc 15 mois que Khalid fut séparé de sa famille.
Evidemment, il fit une année scolaire excellente, puis un stage où il fut très apprécié par la banque qui l'employa. Au point que cette dernière lui offrit une prolongation de stage de 6 mois grassement payé s'il le souhaitait.
Mais Khalid alla cet été-là voir le Consulat du Canada en vue d'y émigrer avec sa famille. Il faut se rappeller ce fameux 1er mai 1995 où un marocain fut jeté dans la Seine par des skinheads sortis d'un cortège du Front National. Et se noya... Khalid se retrouva donc avec sa famile à Montréal début 96 pour démarrer une carrière d'ingénieur réseaux informatiques. Très vite, il devint son propre patron, et acheta une maison à Ville Saint Laurent, près de Montréal. Je ne sais ce qu'il est devenu depuis.
Dans cette histoire, j'étais certes heureux d'avoir fait mon travail en contribuant à la promotion de quelqu'un qui le méritait bien. Mais quel gâchis quand même, avec beaucoup d'amertume de son côté comme du mien.
Responsable d'un Mastère de l'INT (Institut National des Télécommunications) sur la "Conception des Systèmes d'Information" dans les années 90, j'avais à faire la sélection des candidats sur la base d'un dossier et d'une interview.
En 1994, j'ai eu à traiter le dossier d'un postulant marocain, Khalid M., qui travaillait chez Apple à Agadir après des études en informatique dans son pays. Il lui était pratiquement impossible financièrement de faire le voyage en France juste pour une interview. Mais devant assurer quelques cours à Rabat, je lui ai donné rendez-vous à mon hôtel pour cette interview. Natif moi-même d'Agadir, j'avais une tendance a priori à une certaine indulgence. Mais là, ce candidat était vraiment bon, et il fut donc accepté.
Les études duraient 9 mois, plus 6 mois de stage en entreprise. Khalid est donc venu seul, laissant à Agadir sa femme et son enfant en bas âge. Il a souhaité faire venir son épouse une semaine ou deux pendant les vacances de Noël, puis de Pâques, puis l'été venu, mais malgré ma lettre de recommandation au Consulat de France, elle n'obtint aucun visa. Ce sont donc 15 mois que Khalid fut séparé de sa famille.
Evidemment, il fit une année scolaire excellente, puis un stage où il fut très apprécié par la banque qui l'employa. Au point que cette dernière lui offrit une prolongation de stage de 6 mois grassement payé s'il le souhaitait.
Mais Khalid alla cet été-là voir le Consulat du Canada en vue d'y émigrer avec sa famille. Il faut se rappeller ce fameux 1er mai 1995 où un marocain fut jeté dans la Seine par des skinheads sortis d'un cortège du Front National. Et se noya... Khalid se retrouva donc avec sa famile à Montréal début 96 pour démarrer une carrière d'ingénieur réseaux informatiques. Très vite, il devint son propre patron, et acheta une maison à Ville Saint Laurent, près de Montréal. Je ne sais ce qu'il est devenu depuis.
Dans cette histoire, j'étais certes heureux d'avoir fait mon travail en contribuant à la promotion de quelqu'un qui le méritait bien. Mais quel gâchis quand même, avec beaucoup d'amertume de son côté comme du mien.
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